mardi 10 juin 2014

L'île de Gorée

L’île de Gorée est un de ces lieux à la fois magnifique et glauque. Le lieu est splendide, à une vingtaine de minutes en bateau de Dakar, mais garde les traces d’une des périodes les plus sombres de l’humanité. Des barreaux, trop de chaînes, des canons. Une période dont les conséquences sont encore douloureusement visibles aujourd’hui. Et il y a ses vendeurs de cossins insistants, globalement désagréables.

Des gens y habitent encore et vivent essentiellement du tourisme.

La veille de notre visite, un bout de l’île s’est effondré à cause de vagues particulièrement fortes des dernières journées.

C’est étrange de prendre des photos et de visiter, en filé de touristes, des bâtiments où on entassait des centaines d’esclaves, divisés selon leur sexe et leur poids. Et tout aussi troublant de voir l’état de la mer que certains ont affronté pour s’échapper, sans succès.


Les chiffres et les illustrations de la Maison des esclaves donnent des frissons. Et pourtant, il y a aujourd’hui encore plus d’esclaves que jamais. Esclavage domestique, sexuel, servitude pour dettes. On les compte en millions, et beaucoup sont des enfants. Des générations sacrifiées pour un système économique désuet. Le comble de l’injustice sociale qui se perpétue. Il est facile de se distancier de l’esclavage de l’époque coloniale. L’éducation n’était pas la même, l’information ne circulait pas autant. Avec la charte des droits et liberté, l’Internet et les rapports des différentes ONG… quelle est notre excuse aujourd’hui?